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Personne:OPHBM de Strasbourg

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Date de naissance 7 juin 1922
Métier Maître d'ouvrage
Métier bailleur social



Présentation

Jacques Peirotes, maire à l'initiative de l'OPBHM

Au début des années 1920 Strasbourg traverse une sévère pénurie de logement1. Nouvellement élu en 1919, le maire Jacques Peirotes est à l'initiative de la création de l'Office Public d'Habitation à Bon Marché (OPHBM) de Strasbourg ayant pour objet la construction de groupes d'habitations. L'office a été créé par délibération du 7 juin 1922, celle-ci fut arrêtée par décret du 20 juin 19232.

Réélu en 1925, Jacques Peirotes est battu en 1929 par une coalition de communistes et d'autonomistes qui porte Charles Hueber à la mairie3.

Devant l'urgence de la pénurie de logement, sans attendre la création de l'Office, Peirotes lance un premier programme municipal4 par le biais d'un concours, après s'être assuré des aides de l'Etat grâce à l'application de la loi sur les Habitations à Bon Marché (HBM) sur les anciens territoires allemands. Ce premier projet, la Cité Léon Blum (1921-1923), est assuré par l'architecte Gustave Oberthur. Plus tard ce programme sera géré directement par l'Office OPHBM1.

L'Office, dont Peirotes sera le Président fondateur, est à l'origine de nombreuses réalisations à partir de la fin des années 1920 dans le quartier Suisse, rue de la Division Leclerc et dans de nombreux faubourgs de la Ville. Il restera président de l'office jusqu'à son décès le 4 septembre 1935. L'office construit 3 000 logements sociaux en 10 ans3,5, représentant en 1935, 1/5 de l'ensemble du parc de logement strasbourgeois6. Dans les années 1920/30, le directeur est M. Weeber.

Les deux premières opérations de l'Office sont les cités Jean Dollfus et Léon Bourgeois, construites à la même période 1924/25, et situées entre la rue Vauban et l'Avenue de la Forêt Noire.

Ensuite, d'autres groupes d'habitat social seront construits de façon planifiée. En 1926, une deuxième série est programmée comprenant quatre blocs7 pour 1006 logements. Il s'agit des groupes de Bourse (rue de Genève, Berne, Lucerne, Aloïse Soltz) comprenant 270 logements, répartis en 4 groupes (F, G, H, J) et des Cité Jules Siegfried (332 logements) et Louis Loucheur (405 logements)8.

Sur le plan ci-dessus, daté de juillet 1926, on voit les groupes de la Bourse notés F, G, H et J, constituant une partie des 1006 logements.

Loi Loucheur et diversité des types d'habitats

Immeuble 1 rue de Genève où se trouvait l'ancien siège de l'OPHBM de Strasbourg
Programme de construction suite à l'application de la loi Loucheur

La loi Loucheur du 13 juillet 1928 donne une nouvelle marge de manoeuvre financière à l'Office HBM en permettant de louer à des loyers moyens, ce qui permit la réalisation des opérations d'habitat social de la Grande Percée, rue de la Division Leclerc (Bloc B et C), permettant aussi de diversifier le type d'habitat et de population9.

Dans sa séance du 29 octobre 1928, le Conseil d'Administration de l'OPHBM prévoit la création de 4000 logements sur la période 1929/1933. Notons que sur ce nombre une partie des logements prévus dans la deuxième série évoquée ci-dessus (1006 logements) est incluse. En réalité seule la moitié sera réalisée sur cette période (moins de 2000 logements). Des logements étaient également prévus dans les quartiers de Koenigshoffen et de la Montagne Verte mais ceux-ci ne seront jamais réalisés par l'OPHBM10.

Deux types d'habitat sont construits par l'OPHBM. Des groupes d'Habitat social à Loyer Bon Marché ou Moyen et des maisons individuelles, sous forme de cité-jardins, destinés à être revendus.

Conformément aux recommandations de Louis Loucheur (à l’origine de la loi portant son nom), ces maisons sont construites avec le concours du Crédit Immobilier du Bas Rhin. L’Office construit les maisons et les revend par lots aux emprunteurs du Crédit Immobilier11.

L'Office construit ainsi la cité-jardin de Neudorf, la cité-jardin Alexandre Ribot (Stockfeld) et la cité-jardin de la Robertsau (actuellement connue sous le nom de cité des Chasseurs).

Ces réalisations s'inscrivent toutes sous la mandature de Jacques Peirotes en tant que président de l'Office, sous l'impulsion qu'il avait donnée lorsqu'il était maire (1919-1929).

Attentif aux innovations techniques et aux économies, l'Office HBM construit aussi deux cités préfabriqués, provisoires, à l'aide de constructions métalliques « Fillod »12. Ces cités, comportant au total 300 logements, étaient situés rue des Canonniers et rue de la Klebsau dans le quartier du Neuhof. Ces logements étaient destinées à des populations d'asociaux dont les logements situés sur le tracée de la 3e tranche de la Grande Percée (actuel rue de la Première Armée), devaient être démolis13.

Une garderie de forme polygonale situé au coeur d'un des îlots, de la Cité Loucheur, était également construite à l'aide d'éléments préfabriqués métalliques « Fillod ».

Toutes ces constructions métalliques ont de nos jours été démolis.

Après le décès de Jacques Peirotes (1935), le maire Charles Frey lance une opération d' "HBM amélioré" quartier Bourse, actuellement connu sous le nom de Cité Jacques Peirotes, en hommage à l'ancien maire et Président de l'Office.

Deux autres réalisations projetées avant guerre seront achevées au début des années 1950 : la Cité Reuss (1939/52) et la Cité Henri Sellier (1937/1953). Ce seront les dernières réalisations de l'OPHBM, ensuite les réalisations prendront une autre forme avec la création de l'OPHLM et les premiers grands ensembles.

L'ancien couvent des Récollets à acceuillit le premier siège de l'Office Public d'Habitations à Bon Marché de Strasbourg, entre 1925 et 193014. A partir de 1930, le siège de l'OPBHM fut situé 1 rue de Genève, dans un bâtiment construit par l'Office.

Hommage et dénomination des cités

Dans sa séance du 31/10/1932, le Conseil d'Administration de l'Office Public d'Habitat à Bon Marché de Strasbourg décide de nommer les plus importants groupes d'habitat social des « noms de personnes qui se sont particulièrement distinguées dans le domaine des HBM ». Cela concerne les cités Jean Dollfus, Jules Siegfried, Léon Bourgeois, Louis Loucheur, Alexandre Ribot et Georges Risler15.

Chacun de ces groupes aurait dû recevoir un médaillon commémoratif avec les « informations nécessaires », mais sans portrait des personnes15. A notre connaissance, nous avons relevé seulement quatre plaques historiques (sur 6), comportant par ailleurs un portrait. Peut être les autres plaques ont-elles été enlevées ou n'ont-elles jamais été apposées ?

On signalera aussi un peu plus tard, en 1951, la dénomination du quartier "Henri Sellier", sans doute dans la tradition d'hommage aux personnes qui ont oeuvré pour le logement social. Une plaque pour le cinquantenaire de cette cité a été installée.


Localisation des programmes de l'OPHBM

Comme on peut le voir sur ce plan, les cités d'habitat collectif et les cités-jardins étaient réparties sur tout le territoire. On y trouve aussi les opérations dites d'assainissement, c'est à dire pour l'hygiène public (Grande Percée). Sur le plan, on voit aussi une opération programmée avant la guerre mais pas encore réalisée (Cité du Marschallhof qui deviendra la Cité Reuss).

Les architectes

L'architecte de la Ville, Paul Dopff, sera l'auteur de nombreux immeubles pour l'OPHBM, jusque dans les années 1940. Embauché à l'Office à partir de 1933, René Dussaussois participera à plusieurs projets. Il sera nommé architecte en chef de l'Office à partir de 1947. Paul Dopff signe les plans de toutes les cités HBM jusqu'à la toute fin des années 1930 (sauf la Cité Reuss pour laquelle nous avons un doute, nous n'avons pas encore consulté les plans plus anciens de cette cité). Après la guerre, les cités HBM sont réalisées par René Dussaussois (Cité Reuss, Quartier Henri-Sellier).

Les cité-jardins, dont les maisons sont destinées à être revendues en accession-propriété, sont l'oeuvre d'architectes privés, la Ville ayant choisi d'attribuer la réalisation à des architectes par adjudication.

Parmi les architectes des cités jardin, on trouve Tim Helmlinger (cité-jardin de la Robertsau), Jean Sorg (cité-jardin Alexandre Ribot au Stockfeld), Charles G. Wolff (cité-jardin de Neudorf)

Quelques illustrations des architectes :

Postérité de l'Office HBM jusqu'à nos jours

D'après l'article Wikipédia sur les Habitations à Bon Marché : « Dans le cadre du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme qui considère le logement comme une compétence de l'État-providence, une loi de 1950 transforme les HBM en habitations à loyer modéré (HLM), qui deviendront peu après l'outil principal de l'État pour lutter contre la crise du logement de l'après-guerre, au moyen notamment des grands ensembles (plan Courant : industrialisation des chantiers, développement du 1 % patronal et de l'expropriation) et des zones à urbaniser en priorité »16.

En 1968, avec la création de la Communauté Urbaine de Strasbourg (C.U.S.), l’Office devient Office Public d’Habitations à Loyer Modéré (O.P.H.L.M.) de la C.U.S. Sa compétence est étendue aux 27 communes de l’intercommunalité qui la composaient à l’époque17. Il sera plus tard connu, pendant de nombreuses années, sous le nom de CUS Habitat.

De nos jours l'OPHBM, après de multiples dénominations, est devenu en 2019 Ophéa, l’Office Public de l’Habitat de l’Eurométropole de Strasbourg17, fusion des bailleurs CUS Habitat et Habitation Moderne.

Le bâti de la période OPHBM est toujours plébiscité de nos jours, toutes les constructions sont encore existante, sauf les constructions métalliques provisoires de la Cité des Canonniers au Neuhof (démoli en 1970 en raison de leur vétusté et de leur caractère temporaire).

Cité gérée par l'OPHBM mais construite avant la création de l'Office

La cité Léon Blum est le premier grand programme réalisé suite à la nomination de Jacques Peirotes à la tête de la Ville, avant même la création de l'OPHBM de Strasbourg.

Groupes d'habitations réalisés par l'architecte P. Dopff

La quasi totalité des Groupes d'habitations réalisés pendant l'entre-deux-guerres a été réalisé par l'architecte de la Ville, Paul Dopff.

1ère série (255 logements)

2ère séries (1006 logements)

Constructions ultérieures

Immeubles d'habitation commencés par l'architecte Paul Dopff et achevés par René Dussaussois

Immeubles d'habitation réalisés par l'architecte René Dussaussois

Il est probable que les plans d'origine (1939) de la Cité Reuss soit de Paul Dopff, mais cela reste à confirmer. Nous indiquons pour l'instant l'unique architecte trouvé dans les sources consultés.

Les cités-jardins (lotissement de maisons)

Les trois cités-jardins que nous avons recensés ont été construites par trois architectes différents, suite à une sélection par le Conseil d'Administration de l'OPHBM. Il s'agit de maisons jumelées construit par l'Office et destiné à être revendu par lot. Le financement de ces maisons se faisait par le Crédit Immobilier, établissement fondé par Alexandre Ribot.

Cité-jardin de la Robertsau par l'architecte Tim Helmlinger

Réalisations de 19 maisons sur les 121 projetés initialement. A l'origine il s'agissait de la Cité Fleckenstein. En 1935, dans son rapport sur les dix premières années d'activités (1924-1934), la cité est nommé "Cité-jardin de la Robertsau"18. De nos jours le secteur est connu sous le nom "Cité des Chasseurs", comprenant une extension avec des chalets en bois construit après guerre.

Lotissement de la Cité-jardins de Neudorf par l'architecte Charles Wolff

Construction de 30 maisons jumelées au sud de l'Orphelinat, à proximité de la voie de chemin de fer au sud du quartier.

Lotissement de la Cité-jardins Alexandre Ribot (Stockfeld) par l'architecte Jean Sorg

Construction de 200 maisons individuelles ou jumelées de 3 à 4 pièces, avec jardins potagers, sur un terrain de 6 hectares et 62,24 ares

Personnes liées

Références

  1. a et b L'immeuble municipal et sa population dans l'entre deux guerres, Frédéric Latron, Mémoire de maîtrise préparé sous la direction de Monsieur le Professeur Jean-Luc Pinol, 1993, page 3-4
  2. Archives d'Alsace (Site de Strasbourg) - Cote 2205 W-443DEPOT, La Grande Percée, Mémoire d'un samedi-dimanche, Karin Schneider, Joël Vincent, CF1-IAUS, juin 1978
  3. a et b Notice Wikipédia de Jacques Peirotes [archive], consultée le 20/12/2022
  4. Ce sera le seul grand ensemble de la municipalité pendant l'entre deux-deux-guerres
  5. [Frédéric Latron], op. cit., page 27
  6. Jacques Peirotes et le socialisme en Alsace (1869-1935), 1989, page 118
  7. Synonyme d'îlots
  8. Les Réalisations de l'Office public d'habitations à bon marché de la ville de Strasbourg, 1924-1934 (Livre), 1935, page VI
  9. Jacques Peirotes et le socialisme en Alsace (1869-1935), 1989, page 130
  10. Archives Ophéa (Strasbourg) - PV du Conseil d'Administration de l'OPHBM, daté du 29 octobre 1928
  11. Les_Réalisations_de_l'Office_public_d'habitations_à_bon_marché_de_la_ville_de_Strasbourg,_1924-1934_(Livre), vers 1935, page 8
  12. Du nom de son inventeur Ferdinand Fillod
  13. Guide découverte du Neuhof (brochure-dépliant), 2002, légende n°38
  14. Jean-Claude Richez, historien, conférence du 30/09/2023, organisé par le Club Jacques Peirotes à l'ENSAS dans le cadre des 100 ans de l'Office
  15. a et b Archives Ophéa (Strasbourg) - PV du Conseil d'administration, 25 et 31 octobre 1932
  16. https://fr.wikipedia.org/wiki/Habitation_%C3%A0_bon_march%C3%A9 [archive] consulté le 20/04/2023
  17. a et b https://www.ophea.fr/ophea-100-ans-de-vie-commune/ [archive] consulté le 08/02/2023
  18. Les Réalisations de l'Office public d'habitations à bon marché de la ville de Strasbourg, 1924-1934 (Livre), page 9

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