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Adresse:Grande Percée (Strasbourg)

De Archi-Wiki

rue du Vingt-Deux Novembre, rue de la Division Leclerc, rue des Franc Bourgeois, rue de la Première Armée

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Date de construction 1910 à 1960
Structure rue
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La grande percée a été réalisée en trois périodes entre 1912 et les années 1960. Elle débute au niveau de l'église Saint-Pierre le Vieux Protestant pour finir au niveau de la place de Lattre-de-Tassigny (ex place de la Bourse).

La grande percée avait deux objectifs: assainir les vieux quartiers vétustes et faciliter la traversée du centre ville en transport en commun pour aller jusqu'à la gare depuis le centre.

Au total 132 maisons devaient être démoli sur l'intégralité du parcours1, dont de nombreuses maisons remarquables ou protégés. La ville effectue, à travers une commission des arts (Kunstkommission) une étude de ce patrimoine. Elle réalise ainsi un inventaire détaillé des éléments à conserver sur place ou à réutiliser dans les musées2.

La Grande Percée est complété d'une voie d'accès depuis le nord du centre ville avec l'opération Homme-de-Fer, réalisé par Charles-Gustave Stoskopf entre 1954 et 1958.

Première période (1910-1912)

Date 1910-1912


La première étape a été réalisée entre 1910 et 1912, cela correspond à l'actuelle rue du vingt-deux Novembre (Neue Strasse).

Pour financer l'opération et en limiter le coût, le maire Rudolf Schwander utilise plusieurs dispositifs originaux, faisant appel aux privés. D'abord il sollicite discrètement plusieurs agents immobiliers pour l'acquisition des maisons à démolir. Ceci afin d'éviter au maximum la spéculation. Ensuite, une fois les petites parcelles réunies pour construire de nouveaux édifices, il sollicite des banques pour l'achat des terrains en vue de les revendre ensuite à des promoteurs privés.

Devant la frilosité des banques alsaciennes, il fait appel à la Süddeutsche Disktonto Gesellschaft de Mannheim. Selon le contrat établit avec cette banque, les terrains sont cédés selon le principe du « droit de superficie » (Erbaurecht). Selon l'historien Franck Burckel, « Il s'agit du droit aliénable et héréditaire d'ériger une construction sur un terrain et d'en assurer l'exploitation pour une durée déterminée, dans ce cas 65 ans. En contrepartie, l'acquéreur verse une rente annuelle définie suivant un taux évolutif sur la valeur du terrain.»3.

La ville a tout intérêt a favoriser ce mode d'acquisition car après la durée de 65 ans elle se retrouve propriétaire du terrain et de l'immeuble qui se trouve dessus, sans l'avoir financé. Les investisseurs s'y retrouve grâce au montage qui leur évite de payer le vrai prix du terrain et aux loyers générés par la construction de ces vastes édifices. La hauteur des édifices élevé le long de la voie, n'est pas étrangère au montant de la rente annuel et du prix des terrains cédés à la banque. Tout le monde devait s'y retrouver, Ville, banque et promoteurs, dans leurs intérêts respectifs.

Comme on le voit sur le plan ci-dessous, issu du rapport du maire Schwander au conseil municipal du 10 mai 1910, la Ville se réserve pour son usage trois vastes parcelles au bout de la voie, du côté de l'Eglise Saint-Pierre le Vieux.

La voie est courbée, rappelant le tissu ancien, les nouveaux immeubles s'adaptant aux parcelles des immeubles démolis. Quelques rares immeubles ont subsisté aux démolitions, dans la partie nord, voir l'îlot situé anciennement grand rue de la Grange. Dans les cours intérieures de certains immeubles on peut encore voir des traces des immeubles anciens (par exemple au n°29).

Les travaux de la Grande Percée sont interrompus par la première guerre mondiale, coïncidant avec la fin des travaux de la première tranche.

L'église Saint-Pierre le Vieux catholique, a été rabotée de plusieurs travées pour permettre l'accès à la gare toute proche.

A cette période les travaux s'arrêtent au niveau de la place Kléber avec l'édification des n°3 rue des Francs Bourgeois (actuel cinéma Odyssée) et le 34 rue du Vingt-Deux Novembre (actuelles Galeries Lafayette).

Les édifices situés au niveau de la place Kléber sont les plus prestigieux, entièrement en grès. A cette hauteur, l'immeuble des actuelles Galeries Lafayette forme un angle donnant une autre direction à la Grande Percée (vers l'est).

Deuxième période (années 1920/30)

Date années 1920/30


Cette période correspond à la construction de la majorité des édifices de la rue des Francs-Bourgeois et de la rue de la Division Leclerc.

Pour la deuxième tranche, l'architecte de la Ville Fritz Beblo, réalise en 1914 un plan type avec la présence d'arcades devant rappeler le Vieux Strasbourg, notamment celles situés rue des Grandes Arcades. Ces arcades projetés seront maintenu dans les projets de l'entre-deux-guerre, par son successeur, Paul Dopff, mais en simplifiant le plan, dans deux immeubles rue de la Division Leclerc et dans un cinéma rue des Francs Bourgeois (façade rue du Vieux Seigle).

A hauteur du n°8 rue des Francs Bourgeois la Grand'Rue, voie historique comportant de beaux immeubles, est coupée en deux. L'ancienne Grand'Rue menant à la place Gutenberg sera justement nommée rue Gutenberg (voie renommée dans les années 1960).

Une maison gothique avec pignon en escalier, située 18 rue de l'Ail, a été démolie en 1932.

Troisième période (années 1950/1960)

Date années 1950/60


La troisième tranche de construction va du Pont Saint-Nicolas à la rue Sengenwald.

Dès 1937 un concours est réalisé pour l'aménagement de cette section, 37 projets architecturaux sont candidats4,5.

Les réalisations tarderont à venir, en raison très probablement de la seconde guerre mondiale. Il semble qu'aucun des projets du concours n'ait été retenu et que d'autres réalisations ont pris place.

Deux barres d'immeubles ont été construites dans les années 1960 rue de la Division Leclerc, les 5-7 et n°9-11.

On notera que plusieurs édifices anciens sur le tracé ont été conservés.

Après la traversée de l'Ill on se trouve dans la rue de la Première Armée qui a été construite en majorité dans les années 1960. Caractéristique de cette époque, l'immeuble situé aux n°11 à 15 rue de la Première Armée.

Fait remarquable, les immeubles donnant sur la place de Lattre de Tassigny ont conservé le style des immeubles donnant de l'autre côté de la place bien que 30 années les séparent (par exemple le 38 rue de la Première Armée construit vers 1960 et le 11 rue de la Brigade Alsace-Lorraine construit vers 1930).


De la place Kléber au quai de Paris : Grande Percée nord (1954/1958)

Date 1954/58



extrait du plan Blondel de 1765, nouvel alignement de la place Kléber dans sa partie ouest

L'opération de l'Homme-de-Fer dite aussi "Grande Percée", permet d'achever le projet de Grande Percée, devant relier le nord et le sud du centre ville6. Elle a notamment permis d'améliorer l'accès depuis le nord de la Ville. L'opération est également connue sous le nom de "Grande Percée". L'architecte en chef, Charles-Gustave Stoskopf, fait remonter l'origine de ce projet à Jean-François Blondel7. Ce dernier a créé un plan d'urbanisme en 1765, modifiant notamment certaines voies en vue de faciliter la circulation mais aussi pour des raisons esthétiques. Comme on peut le voir sur le plan ci-contre une nouvelle voie était créée au nord-ouest de la place Kléber. Finalement quasiment aucune réalisation naîtront de ce plan, hormis l'Aubette8. Sur le plan de 1910 par Friz Beblo, la liaison nord-ouest depuis la place Kléber semble abandonné, au profit d'autres jonctions9.

Pour construire cette ensemble complexe comprenant 6 bâtiments, dont la Tour Valentin Sorg (14 étages), il a fallut démolir deux immeubles d'habitations comprenant des commerces réputés (dont le restaurant Valentin Sorg et les tissus Mathieu). Ces îlots ont été démoli après la construction du nouvel ensemble.

Les démolitions de la seconde guerre mondiale ont été l'occasion d'élargir la rue du Noyer, permettant ainsi de parachever l'accès automobile au centre ville depuis le nord de la Ville. La rue a été bâti à la même période que l'opération Homme de Fer.


Références

  1. Michaël Darin in Strasbourg_-_Un_patrimoine_urbain_exceptionnel_-_De_la_Grande-Ile_à_la_Neustadt_(Livre), 2013, page 104
  2. 58 immeubles sur 132 sont considérés comme digne d'intérêt. Benoit Jordan in Attention travaux - 1910, De la grande percée au Stockfeld (Livre), 2010, page 30
  3. Le « boulevard des 12 millions », Frank Burckel in Attention travaux - 1910, De la grande percée au Stockfeld (Livre), page 25-27
  4. "La vie en Alsace" [archive], 1937, pages 252-257
  5. Voir aussi quelques propositions sur la page de la rue de la Première Armée
  6. Charles-Gustave_Stoskopf,_Thèse_par_Gauthier_Bolle,_2014, page 106 et 223-238
  7. Archives d'Alsace (Site de Strasbourg) - Cote 60J55, "La Percée Place Kléber - Place de l'Homme de Fer", G. Stoskopf, non daté
  8. Et la démolition de l'ancienne Pfalz datant du gothique
  9. Grande Percée, projet de 1910

Lien externe


Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 843 W 545 - Construction de nouveaux bâtiments entre 1911 et 1918 (93 items) [archive].

Bibliographie

  • Michaël Darin, La grande Percée, in

Strasbourg_-_Un_patrimoine_urbain_exceptionnel_-_De_la_Grande-Ile_à_la_Neustadt_(Livre), 2013, édition Lieux Dits, p104-112

  • Michaël Darin, L'alignement et le percement à Strasbourg, in

Metacult_-_Strasbourg_lieu_d'échanges_culturels_entre_France_et_Allemagne, 2018, page 359/381

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