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Adresse:Palais Rohan (Strasbourg)

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2 place du Château (Strasbourg)

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Date de construction 1732 à 1742
Architecte Joseph Massol
Robert de Cotte
Sculpteur Robert Le Lorrain
Structure Palais
Courant architectural Régence

Date de démolition partielle 1944
Structure Musée

Date de reconstruction 1950
Architecte Bertrand Monnet
Structure Musée

Date de restauration 2008
Architecte Christophe Bottineau

Date de restauration 2013

Classement Monument Historique 20/1/1920
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Palais des Rohan

Date 1732 à 1742
Architecte Joseph Massol
Robert de Cotte



Le palais, qui suit un programme d’hôtel entre cour et promenade, avec une vaste terrasse méridionale surplombant l’Ill, est construit pour Armand-Gaston, le premier des 4 cardinaux de Rohan. Le premier architecte du roi, Robert de Cotte, en dessine les plans en 1727.

Le chantier débute en 1731 sous la conduite de Joseph Massol, qui achève le palais en 1742, bien après la mort de de Cotte en y ajoutant une partie, réalisée suite à la démolition des maisons voisines à l’ouest1. Dès 1744, le palais héberge le roi Louis XV au mois d'octobre. Le palais devient ensuite hôtel de ville, puis palais impérial sous le Premier Empire2.

Le palais accueille des musées depuis la toute fin du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui : il est maintenant occupé par le musée des Beaux-Arts depuis 1899, au premier étage, le musée archéologique au sous-sol et depuis 1913, le musée des Arts décoratifs au rez-de-chaussée, depuis 19243. En 1911 s'était installée la bibliothèque des musées, aujourd'hui déplacée au MAMCS.

Le Palais des Rohan, de style régence4, s'articule donc entre cour (côté place du château) et terrasse ou promenade donnant sur l'Ill - à défaut d'un jardin comme à Versailles [archive] ou Vaux-le-Vicomte [archive] en raison du manque de place. La terrasse est fermée par deux portails à l'est et à l'ouest, ce qui empêchait les habitants de la ville de circuler devant le château. Aujourd'hui, ces portails sont ouverts au public. On ne manquera pas de souligner qu'au XVIIIe siècle, l'Ill était un vaste égout à ciel ouvert. On imagine aisément désagrément liés aux effluves remontant jusqu'aux appartements somptueux du 1er étage du palais... notamment les déchets d'animaux qui étaient déversés dans l'Ill en amont par les Grandes Boucheries. Les façades les plus luxueuses, sur cour et sur l'Ill, ont été réalisées en grès beige comme les palais parisiens, alors que les façades latérales, plus modestes, ont été réalisées en grès rose, pierre beaucoup moins chère.

Le palais fut confisqué en même que d'autres demeures en Alsace. Vendu aux enchères comme bien national en 1791, il fut acheté par la Ville qui en fit sa maison Commune.

Il existe trois châteaux des Rohan en Alsace, les deux autres se trouvent à Saverne et Mutzig, ainsi que le palais des Rohan à Ettenheim dans le pays de Bade en Allemagne, cette ville ayant appartenu pendant des siècles à l’évêché de Strasbourg et dont le cachet historique est marqué par l'influence strasbourgeoise.

Un article des DNA daté de janvier 2025 évoque la fascinante histoire du palais épiscopal, vitrine de l'art de vivre à la française"5.

Statues du fronton

Les deux allégories allongées sur les rampants sont celles de la Force et de la Prudence, vertus cardinales du Prince6.

Grand portail d'honneur

L’entrée principale du palais, face à la cathédrale, se présente sous la forme d'un grand portail d'honneur, traité comme un arc de triomphe. Cette entrée est encadrée par deux pavillons carrés et dotée de nombreuses sculptures. L’iconographie est en relation avec la religion et les vertus : la charité, la justice, la clémence... Les clés de cintre des baies du rez-de-chaussée des pavillons représentent des personnages de l’Ancien Testament7. Ce programme iconographique des clés de cintre ainsi que celui des frontons des pavillons a été imaginé par Robert Le Lorrain. Concernant la porte et son encadrement, les riches vantaux de chêne sont couronnés d'un ensemble sculpté par Robert Le Lorrain qui rappelle la double fonction de prêtre et de prince temporel dont est investi le maître des lieux. La statue portant la croix et le livre des Evangiles est la Foi (vertu théologale, qualité du prêtre). La statue assise sur un lion, conduit par un enfant, est la Tempérance (vertu cardinale, qualité du prince)8. Côté cour, le corps d’entrée scandé de colonnes engagées et de pilastres jumelés forme un portique.

Le grand portail du Palais s’inspire de celui de l’Hôtel de Soubise à Paris, édifice commandité par les parents du prince-évêque de Rohan, en 1705, exécutée par Delamair9,10.


Statues du péristyle

Le péristyle est surmonté de six groupes sculptés allégoriques et de deux vases. La symbolique des statues est liée à la religion et aux vertus, comme expliqué plus haut11.

Les sculptures sont visibles sur une illustration de 1744 réalisée à l'occasion du séjour du roi Louis XV au Palais Rohan.

Façades sur l'eau et ouest13

Comme dit précédemment, le palais des Rohan a été conçu comme un palais entre "cour et jardin", le jardin étant ici la terrasse au bord de l'Ill, l'ancien verger épiscopal du Moyen Age.

Fait intéressant, l'échelle se modifie pour cette façade sur l'eau, symétrique comme dans la tradition classique et qui aligne 17 travées sur 3 niveaux dont un puissant soubassement. La façade déploie trois avant-corps ; celui du milieu, marqué par quatre colonnes corinthiennes, est couvert d’une toiture à l’impériale, et le fronton triangulaire est frappé des armes des Rohan. Du fait de la déclivité du terrain, l'élévation gagne un niveau : le rez-de-chaussée côté cour devient le premier étage côté jardin. A chaque extrémité, un pavillon légèrement saillant est couvert d'un toit à la Mansart.

Le décor sculpté se réduit aux mascarons du rez-de-chaussée figurant les heures, les saisons, les éléments et les vertus du prince : force, sagesse, générosité et richesse14. Les balcons des pavillons sont décorés de balustrades en fer forgé et de consoles ornées de lions sculptés. Les clés des fenêtres du rez-de-chaussée suivent un programme iconographique profane15.

A l’ouest la façade est complétée par un corps de logis plus bas qui abritait la chapelle et la bibliothèque. Ce corps asymétrique, prévu sur les plans d'origine, contraste avec la majesté un peu austère de la façade donnant sur la terrasse16,17. Il a malheureusement perdu sous la Révolution le groupe des deux anges adorateurs de la Croix, exécuté en cuivre doré d'après le modèle de Le Lorrain, qui surmontait l'entablement cintré de sa baie axiale. Cette dernière est percée sous une arrière-voussure qui va marquer l'architecture strasbourgeoise pour plus de deux décennies. On peut signaler, enfin, qu'à cette époque la bibliothèque était une des plus belles de la ville, ce qui rappelle que les cardinaux était des gens cultivés et d'une grande ouverture d'esprit18.

Mascarons sculptés de la façade donnant sur l'Ill19

Les clés sculptées des fenêtres du rez-de-chaussée suivent un programme iconographique essentiellement profane. Dans l'axe, les vertus du prince: Force, Sagesse et Richesse. Dans le renfoncement à gauche: les 4 éléments. Dans le renfoncement à droite: les 4 saisons. Pour les pavillons : les heures, déesses du temps, 3 mascarons pour chaque pavillon.

Pour la bibliothèque, une tête supplémentaire: la nuit ou la religion20.

Voir aussi ce site sur les mascarons à Strasbourg [archive].

Aile des communs, côté est

Aile située le long de la rue du Bain aux Roses, construite en grès rose. L'intérieur du bâtiment abrite la Galerie Heitz, ouverte pour des expositions temporaires.

Intérieur

La distribution intérieure juxtapose petits appartements d’habitation (au rez-de-chaussée nord) et grands appartements d’apparat (à l'étage au sud). L’escalier d’honneur mène aux appartements privés et notamment à la chambre à coucher du prince-évêque et son cabinet. Dans le cabinet on trouve des stucs dorés au plafond et des cartouches d’angle représentant des allégories de la philosophie, de l’histoire, de l’astronomie et des Beaux-Arts. "Dans la chambre du roi, on atteint le point culminant des productions de l’art rocaille dans la région21". L’alcôve et l’iconographie autour du sommeil renforcent la destination du lieu. Les tableaux au-dessus des portes copient les Loges de Raphaël. Cette pièce ainsi que le Salon d’Assemblée dépassent par leur luxe toutes les autres, car elles étaient destinées au roi de France lors de ses séjours strasbourgeois.

Classement parmi les Monuments Historiques

Date 20/1/1920


Ancien palais épiscopal des Rohan, le 20/01/1920 J.O. du 16/02/193022

Démolition

Date 1944


Le château n'a pas été épargné lors des bombardements aériens alliés d'août 1944.

La partie ouest du château a été détruite. Il semblerait qu'il s'agissait des anciennes écuries, puisque sur la porte d'entrée côté ouest est représentée une tête de cheval.

Une autre photo, extraite d'un ouvrage de la Bibliothèque des AVCUS, montre l'ensemble du secteur après le bombardement aérien du 11.8.1944.

Reconstruction

Date 1950
Architecte Bertrand Monnet



La partie détruite a été reconstruite à l'identique, ou du moins le mieux qu'on le pouvait, par l’architecte en chef des Monuments Historiques Bertrand Monnet. Cependant la pierre utilisée n'est pas de la même couleur. Il s'agit vraisemblablement de grès des Vosges. Le reste du château étant en pierre de Wasselonne.


Restauration de la façade sud

Date 2008
Architecte Christophe Bottineau


Rénovation des menuiseries et quelques pierre de taille.

Christophe BOTTINEAU, Architecte en chef des monuments historiques

Restauration du péristyle.

Date 2013


Le péristyle ferme la cour.

La façade est percée d'une porte monumentale encadrée de colonnes toscanes jumelées à bossages vermiculés.

Le péristyle est couvert d'une terrasse en dalles de grès.

D'importantes efflorescences de sels sont visibles sur les façades et l'extrados des coupoles du péristyle.

L'eau s'infiltre dans la maçonnerie avec cristallisation en surface en fixant des poussières. L'altération des pierres affecte les parements, les moulures et les décors sculptés.

Avant d'entreprendre la restauration de la façade, il est nécessaire de mettre en oeuvre une couverture de plomb sur l'ensemble de la terrasse pour assurer l'étanchéité.

Source: résumé du panneau d'information.

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Références

  1. A l'entrée du Palais, on peut justement lire : "Palais épiscopal, construit de 1732 à 1742, sur les plans de Robert de Cotte, Premier architecte du Roi pour le Cardinal Armand Gaston de Rohan - Soubise."
  2. Dictionnaire_des_Monuments_Historiques_d'Alsace_(Livre) - page 496
  3. Site officiel des Musées de Strasbourg [archive], consulté le 07/12/2020
  4. Documentation Archi-Classique ! [archive], Archives de la ville, 2011, page 4 et Revue des Monuments Historiques, 1977, page 49
  5. Article des DNA du 7 janvier 2025 : https://c.dna.fr/societe/2025/01/06/la-fascinante-histoire-du-palais-episcopal-vitrine-de-l-art-de-vivre-a-la-francaise [archive], consulté le 19/01/2025
  6. Dictionnaire_des_Monuments_Historiques_d'Alsace_(Livre) - page 497
  7. Dictionnaire_des_Monuments_Historiques_d'Alsace_(Livre) - page 496
  8. R. Recht, J-P. Klein et G. Foessel, "Connaître Strasbourg", 1988, p.68.
  9. Strasbourg_Urbanisme_et_Architectures_-_Des_origines_à_nos_jours_(Livre), édition Oberlin (1996), page 194
  10. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hôtel_de_Soubise [archive]
  11. http://judrand.com/Strasbourg_mascarons/68-rohan_palais.html [archive] consulté le 08/10/2022
  12. Judrand.com [archive], lien brisé
  13. Connaître Strasbourg (éditions 1976) (Livre)
  14. Dictionnaire_des_Monuments_Historiques_d'Alsace_(Livre) - page 497
  15. Connaître Strasbourg (édition 1988) (Livre), page 66
  16. Strasbourg_Urbanisme_et_Architectures_-_Des_origines_à_nos_jours_(Livre), édition Oberlin (1996), page 195
  17. Certaines sources, comme le Dictionnaire_des_Monuments_Historiques_d'Alsace_(Livre) - page 498, attribue cette aile à Massol, ce qui est erronée
  18. Description architecturale par Arthur Van Hoey lors de la visite du veilleur de nuit du 03/09/2011 organisée par l'UP de la Krutenau [archive]
  19. Connaître Strasbourg (éditions 1976) (Livre)
  20. "Connaître Strasbourg" , R. Recht, JP. Klein et G. Foessel. Edition de 1988, page 68.
  21. Dictionnaire_des_Monuments_Historiques_d'Alsace_(Livre) - page 498
  22. Mérimée_(site_internet) Notice Mérimée PA00085184 [archive] consulté le 10/10/2020

Lien externe

Bibliographie

  • Le Palais Rohan [archive], 2012 par Etienne Martin, conservateur du musée des arts décoratifs de Strasbourg
  • Le Palais Rohan à Strasbourg par Jean - Daniel Ludmann