Loading...

Adresse:11 rue du Maréchal Joffre (Strasbourg)

De Archi-Wiki

11 rue du Maréchal Joffre

Image principale



Chargement de la carte...

Date de construction 1885 à 1886
Architecte August Jerschke
Otto Back
Structure Immeuble

Date de transformation 1928 à 1930
Architecte Auguste Mossler

Inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques 19/8/1993
Consultez les 8 actualités de l'adresse


Construction

Date 1885 à 1886
Architecte August Jerschke
Otto Back


Ancienne loge maçonnique "Au coeur fidèle", aujourd'hui siège du "Cercle philosophique Goethe".

L'autorisation de construire le local maçonnique d'un étage "Au Coeur Fidèle" est accordée le 29.11.1884, selon le projet de l'architecte Auguste Jerschke et de l'entreprise de construction d'Otto Back et Cie, située 5, quai de la Finkmatt (Finkmattstaden 5) (die Erbauung eines einstöckigen Gesellschaftshauses für die Freiemaurer = Loge "zum treuen Herzen" auf dem Grundstück daselben an der Möllerstrasse um Bauquadrat 63).

On notera que le dossier de la Police du Bâtiment reste très discret concernant la participation de l'architecte Auguste Jerschke, qui est à peine mentionné dans un courrier en date du 4.10.1885, comme étant le "Bau-Commissar der Loge", ce qui donne à penser, sans autre preuve à l'appui, qu'il était peut-être lui-même un membre de la dite Société. Pourtant, dans l'ouvrage "Strassburg und seine Bauten" , rédigé par des architectes en 1894, il n'est fait mention que du seul Auguste Jerschke, sans mention de la firme d'Otto Back!

Concernant les dessins contenus dans le dossier de la Police du Bâtiment, ils sont malheureusement dans un état fragile, mais photographiable (à l'exception du plan du rez-de-chaussée), et tous signés par le seul Otto Back, dont on trouve plusieurs courriers. On trouve également deux courriers rédigés et signés par le sculpteur Thomas Ihle, mais sans qu'y soit précisé son apport exact. Pourrait-il avoir joué un rôle dans le projet des sculptures prévues pour les niches de la façade ? Il est malheureusement impossible de l'affirmer.

On notera que les sculptures qui étaient prévues pour garnir les niches de la façade peuvent être identifiées sur les dessins comme étant à gauche la figure de Hercule et à droite la figure d'Apollon. Cela est confirmé par les auteurs du Dictionnaire des monuments historiques, page 543. De plus, malgré sa taille très réduite, la photographie publiée par l'ouvrage Strassburg und seine Bauten en 1894, page 535, semble également confirmer que ces statues ont bel et bien orné pendant un temps la façade. Ces statues ont-elles été remplacées par la suite par d'autres statues ? On ne trouve malheureusement aucun indice à ce sujet dans le dossier de l'immeuble.

On notera encore que sur le projet initial, l'imposte de la porte d'entrée est orné d'une étoile de David, alors qu'il est orné aujourd'hui d'un cercle. On mentionnera aussi l'inscription mystérieuse qu'on trouve sur le dessin, à l'interface du rez-de-chaussée et de l'étage de la façade de l'immeuble projeté : "SOMIS AROYCUL ONINO SALAMOSC HOBIS VOIGTUM". Inscription évidemment absente aujourd'hui de la façade. On peut se demander quel était le sens de cette inscription ?

Toujours d'après les renseignements tirés du dossier, l'installation du gaz dans l'immeuble date du mois d'octobre 1885. Sans qu'elle puisse être précisée davantage, la construction semblait donc déjà en bonne voie d'achèvement à cette date. Pour finir, on notera qu'en avril 1886 est projetée par les mêmes partenaires la construction d'un bâtiment annexe dans la cour, qui semble bien être un jeu de quilles (Kegelbahn). Aucune mention n'est faite de la fin des travaux, mais cet édifice a bien existé, car, comme on le verra plus loin, il sera question de la "démolition du jeu de quilles situé dans la cour" en mars 1929, lors de la construction de garages.

Transformation1

Date 1928 à 1930
Architecte Auguste Mossler


Construction de garages et installation d'une pompe à essence dans la cour de l'immeuble :

En 1928, voit le jour un projet de construction de 15 garages d'automobiles dans la cour de l'immeuble, appartenant à la Société Immobilière de la Salle Joffre. L'architecte sollicité est A. Mossler, et l'entreprise de constructions est la Maison Brion et Martin. L'autorisation est accordée le 6.12.1928, qui inclut l'exécution de travaux de transformation à la façade et en sous-sol. Les travaux démarrent véritablement en mars 1929, y compris de démolition du jeu de quilles situé dans la cour. La réception finale a lieu le 25.6.1929.

Suit ensuite le projet d'instalation d'une pompe distributive d'essence dans la cour. L'autorisation est donnée le 22.10.1929. Les travaux sont achevés le 29.3.1930

Information 2,3

Date 19/8/1993


Un arrêté préfectoral en date du 19.8.1993 porte inscription sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques de la Loge maçonnique située 11, rue du Maréchal Joffre.

Sont inscrits :

- Façade sur rue.

- Temple au 1er étage.

Voici l'intégralité du texte passionnant de Dominique Toursel-Harster, paru dans le Dictionnaire des monuments historiques d'Alsace :

La maçonnerie spéculative apparaît à Strasbourg vers 1744. Elle subit une éclipse à la Révolution pour se reconstituer au début du XIXe siècle. Au moment de l'Annexion, la maçonnerie française disparaît, les loges alsaciennes refusant de se placer sous l'obédience d'une Grande Loge allemande. Les maçons allemands créent alors à Strasbourg la loge Zum Treuen Herzen - Au Coeur Fidèle -, affiliée à la Grande Loge de Prusse. Son nouveau temple, élevé en 1886, est l'oeuvre des architectes A. Jerschke et O. Back. Aujourd'hui propriété du Grand Orient de France, ce serait en Alsace le seul local maçonnique subsistant édifié pour cet usage spécifique.

L'élévation sur rue ne comporte pas de signes distinctifs de la nature de l'édifice, mais se singularise tout de même par son parti d'horizontalité néo-Renaissance qu'accentue la toiture en terrasse. Le rez-de-chaussée, entièrement traité en bossages à chanfreins, comporte sept fenêtres rectangulaires, et l'étage autant de baies en plein-cintre, séparées par des pilastres d'ordre ionique. Deux avant-corps latéraux superposent un portail à fronton rectangulaire et une niche concave sous un fronton semi-circulaire ; dans le projet, ces niches devaient abriter les statues d'Hercule et d'Apollon, symboles maçonniques de la Force et de la Beauté. Le temple proprement dit ou loge se situe à l'étage. On y pénètre à l'ouest par une porte située sous la tribune d'orgue ; deux pilastres l'encadrent, censés représenter Yakin et Boaz, les deux colonnes symbolisant le temple de Salomon élevé par Hiram, et "la" construction par excellence depuis la maçonnerie opérative. En effet, le symbolisme maçonnique est largement axé vers la réédification mythique du temple salomonique - représenté par la loge - dans la mesure où l'enseignement de la franc-maçonnerie tend de la même façon à la réintégration de l'homme dans son état de perfection originelle.

Local rectangulaire, sans supports intérieurs, cette loge est semblable à une nef d'église et pareillement orientée ; au-dessus d'un bandeau, des pilastres déterminent cinq travées. Les ouvertures y sont occultées, la loge étant un "lieu hors du monde profane" ; les murs peints en bleu renvoient au rite français, fixé vers 1786 ; le décor alterne les tons blancs et or. Une fine chaîne en métal doré fait le tour du local au niveau du bandeau ; elle symbolise la "vivante chaîne d'union" qui relie les maçons les uns aux autres dans l'espace et dans le temps. Elément principal du "sanctuaire", le mur est représente l'Orient, une niche centrale un peu semblable au choeur des églises chrétiennes, et davantage encore à l'aron des synagogues. Un fronton triangulaire supporté par deux pilastres cannelés s'inscrit dans un grand arc en anse de panier; dans le tympan figure le symbole maçonnique traditionnel : le delta lumineux ou triangle divin incluant la lettre G ; le fond de la niche s'éclaire d'un petit vitrail en tondo au motif presque similaire.

Le couvrement forme une voûte légèrement arquée du nord au sud ; peinte en bleue et constellée d'étoiles, elle serait l'exacte figuration de la voie lactée sous nos latitudes à la Saint-Jean. Au centre du plancher, un damier noir et blanc (7 x 5), dit pavé mosaïque, représente l'expression manichéenne du mal et du bien vers lequel tend l'idéal maçonnique.

Le mobilier se réduit à trois tribunes et aux sièges, plus des éléments mobiles comme les trois colonnes - Sagesse, Force et Beauté - , ou les trois pierres : deux pierres brutes et une pierre équarrie, symboles de l'initiation transformant la matière brute du profane en une pierre cubique, susceptible de s'intégrer à l'édifice maçonnique qui s'appréhende comme une méthodologie de la connaissance par le truchement de symboles, universels et intemporels4.

Références

  1. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 852W48
  2. Dictionnaire des Monuments Historiques d'Alsace (Livre)
  3. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 852W48
  4. Citation intégrale du texte de Dominique Toursel-Harster, consacré au 11 rue du Maréchal Joffre, pages 542 à 544 du Dictionnaire des monuments historiques d'Alsace, éditions de la Nuée Bleue, avril 1995