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Adresse:Eglise Saint Guillaume (Strasbourg)

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1 rue Munch (Strasbourg)

Image principale







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Date de construction 1307
Structure Lieu de culte (église, temple, synagogue, mosquée)

Date de transformation 1485
Courant architectural Gothique

Date de transformation 1488

Date de transformation 1667

Date de rénovation 1978

Date de rénovation 2018 à 2019
Architecte Joëlle Leoni
Agence d'architecture D'AR JHIL

Inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques 30/12/1985
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Eglise Saint Guillaume1,2

Date 1307


La grande originalité de cette modeste église, à l'origine pour les "pêcheurs du quartier et les bateliers" est son clocher totalement asymétrique.

Voici ci-dessous le texte intégral d'une synthèse sur l'histoire et l'architecture de Saint-Guillaume, due à Julien Louis, à qui nous présentons ici nos plus vifs remerciements.

Extérieur

"Selon la tradition, l'église a été fondée par Heinrich de Mullenheim, riche noble strasbourgeois. Revenu indemne de la croisade en Terre Sainte, il aurait entrepris d' édifier un couvent à la "Crutenowe" pour y installer des moines guillemites. Terminée vers 1307, elle est rapidement confiée à l'ordre mendiant des Moines de Saint-Guillaume (Guillemites ou Wilhelmites), qui ont leur couvent à côté. Architecturalement, l'édifice, tout en brique, en épouse l'idéal d'austérité. Seul un long chœur, où les moines se réunissaient, trahit sa fonction conventuelle. Mais il est vrai, qu'alors l'église était "hors les murs", dans le secteur marécageux et peu exploité de la Krutenau. La proximité du port et des quais font que les bateliers choisissent Saint-Guillaume pour paroisse. Elle l'est encore aujourd'hui, comme en témoigne, à la pointe du clocher, l'ancre sur laquelle est fiché le coq. Le plan, et plus globalement l'édifice, ont peu changé depuis cette époque. Mais une transformation notable s'effectue en 1667 : on réunit les trois pignons qui constituaient la façade (les petites fenêtres triangulaires en marquent les pointes) en un seul, qu'on couvre d'un véritable clocher, remplaçant un vieux clocheton situé plus avant. Mais l'ancien porche épousait la rue. Ainsi, son plan trapézoïdal, continué en façade, aboutit à un clocher problématique. On voit la solution adoptée par le maître charpentier : il penche !

Intérieur

Dans la sacristie ont été regroupés quelques objets intéressants. Immédiatement à gauche, une gravure représente la façade de l'église avant 1667. Sur le mur de droite, un tableau, réalisé par un paroissien, donne une vue intérieure de Saint-Guillaume, tel qu'il était à l'époque, du XVIIIème s. On peine à y reconnaître le jubé, entièrement peint, et les tribunes, couvertes de tableaux. Enfin, à gauche, à côté de l'ancien coq du clocher, une inscription dans la pierre, dernière trace des bâtiments du couvent, réalisés en 1502. On y lit ce proverbe flatteur : "Wolt ich arbeiten, ich wer ein Wilhelmer worde" (Si j'avais voulu travailler, je me serais fait moine de Saint-Guillaume).

Dans la nef, au sud, sont installés d'autres témoins funéraires : deux enfeus de la fin du XVème s. Celui situé à l'ouest est le plus soigné, avec notamment son petit chien, symbole de fidélité. Il est parfois attribué à Hans Hammer, architecte et sculpteur à la cathédrale (chaire de Geiler). C'est à cette époque que se prépare un bouleversement dans la vie strasbourgeoise. Après une période de décadence, où les moines oublient leurs devoirs, la vie monastique est redressée dans un vaste mouvement moralisant. A son comble, il prépare le peuple et certains édiles à l'arrivée de la Réforme.

Dès 1524, les bateliers réclament un prédicateur évangéliste. Mais Saint-Guillaume dépend du très catholique chapitre de Saint-Etienne, et ce n'est qu'en 1534 qu'est célébrée la première cérémonie protestante à Saint-Guillaume.

Dès lors, et malgré les vicissitudes, l'église est définitivement consacrée à la foi protestante.

En 1533, le couvent est fermé, et aménagé pour servir d' "internat" au prestigieux "Gymnase", ancêtre de l'actuelle université, où enseignent Martin Bucer et Jean Calvin.

Le collège Saint Guillaume fut ensuite déplacé au couvent des Dominicains en 1660. En 1860 les étudiants furent transférés à Saint Thomas.

L'église, les premiers et graves troubles passés, s'aménage. En 1589, les tribunes sont construites pour accueillir la foule, avec leurs anges sculptés.

En 1656, le jubé est reculé : dans l'espace libéré sont aussitôt placés la chaire et l'autel. . L'autel, lui, a été remplacé en 1767 ; tout en pierre, il adopte les canons du style Louis XV. Autour, une grille de 1803 remplace celle fondue lors du pillage de 1793.

En 1728, les orgues sont complètement refaites par un membre d'une prestigieuse dynastie de facteurs, André Silbermann.

En 1897 lors de la rénovation de l' église, on recule l' orgue vers l' arrière du chœur.

La tuyauterie n'est plus d'origine, mais le buffet à trois tourelles semi-circulaire aux couronnements et ailes très ouvragés, de même que ceux du positif de dos (postiche) suspendu à la balustrade du jubé; témoigne toujours de son art.

En 1987, Yves Koenig a construit un instrument entièrement neuf selon l'esthétique de Gottfried Silbermann. Autour de l' instrument remanié, l' église s' est forgé une tradition dans l' exécution des grandes œuvres de musique religieuse où domine la figure de J.S. Bach C'est encore au XVIIème s. que l'église se couvre de tableaux.

Aujourd'hui, après une campagne de restauration dans les années 1980, l'église a retrouvé son faste. Elle peut ainsi servir de cadre aux activités musicales du prestigieux Chœur de Saint-Guillaume, fondé par Ernest Münch en 1885."3.

Le double tombeau des frères de Werd

Date 1344
Sculpteur Woelflin de Rouffach


Derrière le jubé de l'église Saint Guillaume, une salle abrite une oeuvre assez exceptionnelle : il s'agit du double tombeau des frères de Werd, représentés sous la forme de deux gisants, chef d'oeuvre dû au ciseau du sculpteur Woelflin de Rouffach.

Sur la dalle déposée à même le sol se trouve le gisant de Philippe de Werd, landgrave d'Alsace et chanoine du grand Chapitre de la cathédrale de Strasbourg, mort en 1332. Il est représenté en habit ecclésiastique, les mains jointes, la tête posée sur un coussin soutenu par deux colombes, les pieds posés sur un petit chien.

Deux lions assis portent la dalle de la partie supérieure, sur laquelle est étendu le gisant d'Ulrich de Werd, avant-dernier landgrave de cette famille, mort le 16 septembre 1344. Il est étendu droit sur la dalle, la tête appuyée sur son heaume et les pieds posés haut sur deux lionceaux. A sa droite sont déposés l'épée et les gantelets d'écaille. On peut déchiffrer, le long de l'épée, la signature de l'artiste qui exécuta cette oeuvre majeure : "Meister Wolvelin von Rufach ein Burger zu Strasburg der het dis werk gemacht"

Jubé

Date 1485


Barrant le choeur en son milieu, le jubé date de 1485. Initialement, il séparait le choeur des moines de la nef des fidèles. Devenu inutile, il fut reculé en 1656, mais tronqué aux côtés (on voit encore le départ des travées détruites), constituant ainsi, derrière, une chapelle. En 1964, il fut avancé à sa place actuelle pour agrandir l'espace des chanteurs, au-dessus. En passant dessous, admirez les clefs de voûte sculptées : au centre, Dieu le Père et les symboles des quatre Evangélistes ; à droite, la Vierge à l'enfant : à gauche, un ange avec les instruments de la Passion. Dans la chapelle on a groupé les épitaphes des plus nobles donateurs de l'église qui, initialement, tapissaient le sol même du choeur. Mais le tombeau le plus impressionnant est celui des comtes de Werd. Situé dans un enfeu où se devinent encore les traces d'une Dormition de la Vierge, il adopte une forme exceptionnelle double. Ces deux frères étaient comtes d'Alsace. En dessous, Philippe, mort en 1332, en tenue de chanoine de la cathédrale. Au dessus, Ulrich, mort en 1344, représenté avec un attirail militaire très détaillé. Le long du fourreau, le sculpteur a signé : "Meister Wolvelin von Rufach" (Maître Woelflin de Rouffach). Au fond, un relief représente le moment où saint Guillaume renonce à sa vie de soldat pour l'idéal monacal : laissant derrière lui son cheval et son armure, il se fait riveter sa cotte de maille sur le corps, en signe de pénitence. On pense que le monastère représenté est celui de Saint-Guillaume même. Cette sculpture, en châtaignier, repeinte au XIXème s., est datée du début du XVème s., . dans lequel l'officiant catholique venait laver les objets du culte. Fait particulier, il est pourvu d'un double écoulement3.

Porche

Date 1488


A part dans l'édifice, le porche, entrée de l'église, a été embelli en 1488, dans le même temps que les vitraux et le jubé. Des statues qui l'ornaient, il n'en reste que les dais et les consoles. Sur ces dernières on peut voir des représentations assez mal identifiées. C'est la seule partie de l'édifice couverte d'ogives : sur les clefs, le soleil, la lune et les étoiles3.

Clocher

Date 1667


En 1667, la toiture est modifiée de façon spectaculaire. La tâche fut confiée à Philippe Schermann, charpentier de métier, qui réalisa le clocher asymétrique que l'on connait. Ce clocher singulier valut au pauvre Schermann d'être condamné à la bastonnade4

Monument Historique5

Date 30/12/1985


Inscrit sur l'inventaire des Monuments Historiques le 30 décembre 1985

Eglise y compris le jubé et les vitraux figurés de la Tribune, de la nef et du choeur (cad. 29 40) : inscription par arrêté du 30 décembre 1985.

Restauration de l’église

Date 2018 à 2019
Architecte Joëlle Leoni
Agence d'architecture D'AR JHIL


L’avant-projet définitif de restauration de l’église a été approuvé par le conseil presbytéral le lundi 12 juin 20176.

Les travaux ont débuté en avril 2018 et ont été réalisée en plusieurs tranches. La phase 1 est terminée.

La tranche ferme a concerné les travaux extérieurs et d’assainissement car garants de la pérennité des ouvrages du gros œuvre :

  • Un drain périphérique à l’édifice a été posé
  • La totalité des soubassements extérieurs ont été repris
  • Les enduits des façades ont été refaits et notamment la façade occidentale qui a permi de les restituer tels qu’ils se présentaient avant la campagne de travaux de 1978 en révélant les pierres des encadrements des baies et des chaînes d’angle.
  • La couverture du clocher a été également refaite en totalité et la couverture de la nef révisée.
  • Deux vitraux remarquables ont été déposés et restaurés.
  • La chapelle a été également traitée lors de cette tranche et concernera la démolition/restitution du sol, la restauration des enduits, la création d’un plafond chauffant acoustique qui a été complétés par l’aménagement d’une kitchenette et d’un sanitaire dans un local attenant.

Les Maîtres d'Oeuvre de l'opération sont l’agence D’ar Jhil basée en Savoie, Joëlle Leoni, architecte spécialisée en restauration du patrimoine assurera le suivi des travaux, Anne-Sophie Acomat assistante à maître d’ouvrage du cabinet Vademecum et Loïc Sturm acousticien de l’agence dB Silence.

Le coût de la tranche ferme est estimée à 1 100 200 € TTC. La Ville de Strasbourg subventionne l’opération à hauteur de 25 % et la la Direction régionale des affaires culturelles à hauteur de 15 %. Le restant à charge pour la paroisse est de 733 800 € TTC.

Le budget prévisionnel global est de 2 574 000 € TTC.

La première phase du chantier de rénovation de l’église c'est terminé en janvier 2019.

Parmi les mauvaises surprises : les enduits extérieurs devront être repris et il faudra trouver une solution pour le drainage des eaux de pluie.

La chapelle devrait être livrée d’ici le mois de juin 2019, et la deuxième tranche pourrait démarrer à l’automne7.

On apprend aussi que deux vitraux datant des XIVe et XVe siècles ont été déposés et restaurés par l’atelier Parot.


Voir le suivi des travaux (2018-2019)

Réouverture de l'église

Date 27/11/2021


La paroisse protestante Saint-Guillaume a célébré ces 27 et 28 novembre la réouverture de son église, fermée depuis plus d'un an pour travaux8.

Références

Sources

  • Plaquette anonyme sur l'église, saep, Colmar-Ingersheim, 1969
  • Suzanne Braun : Eglises de Strasbourg, éd. Oberlin Strasbourg, 2002, page 129
  • Victor Beyer, in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne n° 40, page 4286

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