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Adresse:Eglise Evangélique Luthérienne de la Croix (Strasbourg)

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6a place d' Austerlitz (Strasbourg)

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Date de construction 1927 à 1928
Architecte Adolphe Lauffenburger
Frédéric Kreiss
Entrepreneur Maulbecker Frères
Verrier d'art Joseph Ehrismann
Structure Lieu de culte (église, temple, synagogue, mosquée)

Date de construction 1928
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Construction1

Date 1927 à 1928
Architecte Adolphe Lauffenburger
Frédéric Kreiss
Entrepreneur Maulbecker Frères



Discrète église intégrée à un bel immeuble d'habitation à l'angle de la place d'Austerlitz.

On remarquera que cette combinaison de bâtiments à visée cultuelle et à visée d'habitation est pour le moins originale, et il serait intéressant de savoir s'il existe d'autres exemples analogues datant de cette époque.

L'autorisation de construire date du 19.5.1927, et concerne une "maison de rapport avec salle de réunion, magasin et logements".

Le commanditaire est "L'association Evangélique luthérienne de Bienfaisance", dont le président est Henry Kreiss, domicilié 24, rue de Sierentz, à Mulhouse. On trouve d’ailleurs le sigle sous sa forme ancienne (SBEL) au-dessus de la porte d’entrée de l’immeuble.

Les architectes sont aussi de Mulhouse : Mrs Kreiss et Lauffenburger.

L'entreprise de construction des Frères Maulbecker, est située "Chemin Martin", aujourd'hui rue Martin, au Neudorf.

La réception finale de tout le bâtiment a lieu le 29.12.1928 en présence de Mr. Maulbecker, mais l’église a déjà été inaugurée dès le mois de février 1928.

Comme on le voit sur les plans ci-dessous, l'église est à nef unique et choeur arrondi. Elle occupe les deux niveaux inférieurs de l'immeuble.

En 1992 ont lieu des travaux de rénovation de façade et création d'ascenseur sur la façade côté cour. Réception finale le 2.11.1992.


Essai de lecture de la façade

Portail et entablement

La façade de l’église présente la particularité d’être à la fois très discrète, tout en déployant cependant des signes et des symboles qui permettent de témoigner au passant les convictions de la communauté qui se réunit ici.

Au premier niveau c’est le portail central qui frappe le regard, bordé de part et d’autre par un vitrail, dont le propre est d’être « aveugle » pour l’extérieur et de diffuser sa lumière et ses couleurs à l’intérieur.

L’entrée, avec sa porte en bois, se présente comme un arc en plein cintre. Deux pilastres classiques l’encadrent, surmontés par un fronton triangulaire, lui-même surmonté d’une croix qui recouvre la base et le cœur d’une rosace située au deuxième niveau.

On peut lire sur l’entablement, en lettres majuscules : Eglise Ev.(angélique) Luth.(érienne) de la Croix, et en dessous de cette inscription, toujours en lettres majuscule, mais de dimension réduite : « confession d’Augsbourg Invariata  » .

On remarquera que cette mention permet de situer la communauté de cette église comme héritière du confessionalisme luthérien, i.e. attachée aux grandes affirmations de la tradition luthérienne, courant s’opposant au 19e siècle aux deux autres courants traversant le protestantisme, à savoir le libéralisme, jugé trop rationaliste, et le réveil piétiste, attaché à la piété du cœur, jugé trop individualiste2.

Fronton triangulaire

Le fronton triangulaire est classique et de ce fait, sans mystère. Il contient néanmoins la sculpture d’un livre ouvert, qui symbolise la Bible, ainsi que la mention de deux passages bibliques.

Le premier est à trouver dans la Bible hébraïque et est une allusion claire à la vocation luthérienne de la communauté, rappelant que « le salut est offert gratuitement à tous ».

Esaïe 55, 1 : « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, Même celui qui n’a pas d’argent ! Venez, achetez et mangez, Venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer ! ».

Le second verset est un extrait de la deuxième lettre de l’apôtre Paul aux Corinthiens, dont la théologie a marqué en profondeur la foi protestante.

Cet extrait exprime des motifs de confiance et d’encouragement, et en particulier la « réconciliation » (à l’époque de sa rédaction ces mots s’adressaient sans aucun doute au Judaïsme, mais aujourd’hui, on peut raisonnablement leur donner un sens universel) .

2 Corinthiens, 5, 19 : « Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation ».

Les vitraux de l'église

Date 1928
Verrier d'art Joseph Ehrismann



Seul vitrail représentant Dannhauer

Le document réalisé par le département pour les « Journées du patrimoine » des 15 et 16 septembre 2018 signale à bon escient, page 53, que les vitraux de l’église sont l’oeuvre de Joseph Ehrismann, et qu’on y trouve en particulier le seul vitrail représentant Jean Conrad Dannhauer, doyen de la faculté théologique et grand prédicateur à la cathédrale au 17e siècle, à l’époque où la cathédrale était vouée au culte protestant.

On notera que, comme théologien, ce dernier a joué un rôle majeur dans la constitution d’un corps de doctrine méthodique à partir des enseignements de Luther (à qui est d’ailleurs voué l’autre grand vitrail, de part et d’autre du vitrail du Christ crucifié).

Notre source précise encore que Dannhauer était un « luthérien intransigeant, polémiste infatigable (qui) s’est attaqué aussi bien au calvinisme qu’au catholicisme et aux efforts de certains de ses contemporains pour réunir les églises chrétiennes »3.

Conception et réalisation des verrières

On sait que la conception générale du décor vitré est due au premier pasteur évangélique luthérien du lieu. C’est sans doute le cas le plus fréquent, mais ici c’est assuré, le maître verrier n’a pu en effet qu’exécuter le programme conçu et défini par le commanditaire et probablement même dessiné par ce dernier. Joseph Ehrismann était en effet de confession catholique, et même s’il a déployé ici tout son talent d’artiste, il n’a de toute évidence pas pu concevoir une œuvre au message strictement luthérien.

Une recherche rapide 4 permet de préciser que le premier pasteur du lieu était américain : Martin Strasen était né le 26 décembre 1897 à Milwaukee (Wisconsin), U.S.A., ville connue comme centre de la culture allemande aux Etats-Unis, la moitié de la population descendant d’immigrants allemands5.

On ne sait pas quand il est arrivé en France, mais on sait qu'il demeurait à Woerth au début des années 1920, et peut-être desservait-il même la paroisse évangélique luthérienne de Woerth (mais ceci n'est qu'une supposition). Il était en tous les cas présent en Alsace depuis au moins 1922, date à laquelle il s’est marié à Lembach (avec une compatriote également originaire de Milwaukee). Le couple a ensuite eu trois enfants nés à Strasbourg de 1923 à 1928. Martin Strasen et sa famille ont résidé d’abord au n° 4, rue Jacob, à Cronenbourg, où elle s’était installée le 18.9.1926.

C’est sans doute là et à partir de cette date que sont conçus les vitraux de l’église et lorsque l’autorisation de construire l’église intégrée à l’ensemble immobilier est accordée en mai 1927, il est probable que le travail du maître verrier était bien avancé, l’inauguration de l’église ayant eu lieu en février 1928.

Une photo montre d'ailleurs cette inauguration (où l’on aperçoit même deux enfants, qui sont probablement les deux filles aînées du premier pasteur, à savoir Ruth Marie née le 14 août 1923 et Elisabeth née le 9 juillet 1925)6.

Présentation et explication des verrières

On saura gré aux responsables de l’église d’avoir mis en ligne une présentation générale et exhaustive des vitraux, avec une explication précise des dessins, des symboles et des textes cités7.

Cette présentation est très complète. Il n’y a donc rien à ajouter. Sauf peut-être qu’un vitrail ne peut plus être admiré depuis l’intérieur de l’église, et que cela date de l’installation d’un orgue dans la tribune, l’orgue occultant en effet complètement le vitrail : il s’agit en réalité d’une rosace, dont les huit feuilles contiennent chacune une fleur.

On peut juste constater que lorsque l’installation de l’orgue a lieu vers 1931, le pasteur ayant inauguré l’église s’était déjà "envolé" pour l’Amérique. D’après la fiche domiciliaire, c’est en effet très exactement le 10 juin 1930 qu’il a quitté notre continent. Sans grande chance de se tromper, on peut avancer qu’il n’aurait peut-être pas été enthousiaste à l’idée d’une telle initiative, occultant une partie de son œuvre…

Ravalement

Date 10/2017


Aspect en 2018

Date 17/9/2018


Références

  1. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 892W348
  2. Marc Lienhard : Foi et vie des protestants d’Alsace, Editions Oberlin, 1981, pages 78 et 79
  3. Werner Westphal, in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne n° 7, page 577
  4. Archives de la ville et de l'Eurométropole : fiche domiciliaire cote 603MW824
  5. Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse, 1984
  6. Eglise évangélique luthérienne : présentation : http://eglise.lutherienne.free.fr/index.php/Presentation/LaParoisseDeLaCroix [archive], consulté le 18/09/2018
  7. Eglise évangélique luthérienne : les vitraux : http://eglise.lutherienne.free.fr/index.php/Presentation/Vitraux [archive], consulté le 18/09/2018

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