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« Adresse:Cathédrale Notre Dame de Strasbourg (Strasbourg) » : différence entre les versions

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Le 25 mai 1277, moins de deux ans après, l’évêque Conrad de Lichtenberg (tombeau dans la chapelle Saint Jean) pose la première pierre du massif occidental (achevé en 1439).
Le 25 mai 1277, moins de deux ans après, l’évêque Conrad de Lichtenberg (tombeau dans la chapelle Saint Jean) pose la première pierre du massif occidental (achevé en 1439).


L’aspect actuel est dû aux changements de parti successifs : conçue sur le modèle des cathédrales françaises à deux tours, la façade de Strasbourg finit par dresser une flèche unique au-dessus d’un énorme massif occidental, conformément à un type germanique de la fin du Moyen-Age<ref>LEHNI Roger, « La cathédrale de Strasbourg, guide du visiteur », S.A.E.P., 1983, p31</ref>
===L'apport d'Erwin de Steinbach===


Le plan dit « plan B » vers 1284, indique l’ambitieux projet : trois portails, deux tours à trois niveaux surmontés de flèches. Les divisions horizontales y sont sacrifiées aux lignes ascendantes tandis que les surfaces s’effacent derrière un écran d’arcatures et de réseaux tendu devant un mur nu. Il est attribué au Maître Erwin dont l’activité est attestée entre 1293 et 1318, sans que l’on sache si ce fut celle d’un administrateur ou d’un constructeur. Son fils, Jean, achève probablement le second étage avec la grande rose vers 1339. Maître Gerlach, neveu du précédent, élève le troisième étage en s’écartant du projet initial<ref>LEHNI Roger, « La cathédrale de Strasbourg, guide du visiteur », S.A.E.P., 1983, p34</ref>.
L’aspect actuel est dû aux changements de parti successifs : conçue sur le modèle des cathédrales françaises à deux tours, la façade de Strasbourg finit par dresser une flèche unique au-dessus d’un énorme massif occidental, conformément à un type germanique de la fin du Moyen-Age<ref>LEHNI Roger, « La cathédrale de Strasbourg, guide du visiteur », S.A.E.P., 1983, p31</ref>.


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Le plan dit « plan B » vers 1284, indique l’ambitieux projet : trois portails, deux tours à trois niveaux surmontés de flèches. Les divisions horizontales y sont sacrifiées aux lignes ascendantes tandis que les surfaces s’effacent derrière un écran d’arcatures et de réseaux tendu devant un mur nu. Il est attribué à [[Personne:Erwin_de_Steinbach|Erwin de Steinbach]] dont l’activité est attestée entre 1293 et 1318, sans que l’on sache si ce fut celle d’un administrateur ou d’un constructeur. Son fils, Jean, achève probablement le second étage avec la grande rose vers 1339.
Fichier:Figure 4 le plan B, Collection Œuvre Notre Dame.jpg|le plan B, Collection Œuvre Notre Dame
Fichier:Figure 5 élévation du massif occidental, d’après LEHNI.jpg|élévation du massif occidental, d’après LEHNI
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===L'apport de Johannes Gerlach===
[[Personne:Johannes_Gerlach|Johannes Gerlach]], neveu du précédent, élève le troisième étage en s’écartant du projet initial<ref>LEHNI Roger, « La cathédrale de Strasbourg, guide du visiteur », S.A.E.P., 1983, p34</ref>.


Entre 1340 et 1347 maître Gerlach réalise la chapelle Sainte Catherine, chapelle funéraire de l’évêque Berthold de Bucheck. « Aboutissement du gothique rayonnant (c’est) une architecture « totale » mêlant architecture, sculpture et vitrail dans une virtuose conception d’ensemble… Les vitraux, représentant les douze apôtres et deux saintes dans un décor architecturé dessiné de baldaquins vertigineux, renvoient aux nombreux motifs des réseaux de pierre des fenêtres elles-mêmes. »<ref>« Bâtisseurs de cathédrale, Strasbourg mille ans de chantiers », œuvre collective, Editions La Nuée Bleue, Strasbourg, 2014, p. 50</ref>. Les voûtes d’origine au motif en étoile et à clefs pendantes, ont été reconstruites à partir de 1542 avec un motif en filet.
Entre 1340 et 1347 maître Gerlach réalise la chapelle Sainte Catherine, chapelle funéraire de l’évêque Berthold de Bucheck. « Aboutissement du gothique rayonnant (c’est) une architecture « totale » mêlant architecture, sculpture et vitrail dans une virtuose conception d’ensemble… Les vitraux, représentant les douze apôtres et deux saintes dans un décor architecturé dessiné de baldaquins vertigineux, renvoient aux nombreux motifs des réseaux de pierre des fenêtres elles-mêmes. »<ref>« Bâtisseurs de cathédrale, Strasbourg mille ans de chantiers », œuvre collective, Editions La Nuée Bleue, Strasbourg, 2014, p. 50</ref>. Les voûtes d’origine au motif en étoile et à clefs pendantes, ont été reconstruites à partir de 1542 avec un motif en filet.


En 1371, à la disparition de Gerlach, la façade présente trois portails, deux tours à toits plats.
En 1371, à la disparition de Gerlach, la façade présente trois portails, deux tours à toits plats.
===L'apport de Michel de Fribourg===


La mode des beffrois municipaux s’impose. La municipalité de Strasbourg qui gère la cathédrale, emploie l’espace entre les deux tours pour y construire un beffroi avec principalement Michel de Fribourg de 1371 à 1399. Les cloches n’y seront installées qu'en 1521 après un incendie dans la tour sud où elles étaient logées. Ce nouvel édifice n’a pas de murs qui s’appuient sur les tours, isolant les vibrations des cloches. Le style de sa façade tranche avec l’ornementation générale de la façade.
La mode des beffrois municipaux s’impose. La municipalité de Strasbourg qui gère la cathédrale, emploie l’espace entre les deux tours pour y construire un beffroi avec principalement Michel de Fribourg de 1371 à 1399. Les cloches n’y seront installées qu'en 1521 après un incendie dans la tour sud où elles étaient logées. Ce nouvel édifice n’a pas de murs qui s’appuient sur les tours, isolant les vibrations des cloches. Le style de sa façade tranche avec l’ornementation générale de la façade.


Au début du XVe siècle, on assiste à une course à la hauteur dans les villes de l’Empire.
===L'apport d'Ulrich d'Ensingen===


A Strasbourg, la haute tour érigée sur la partie nord du massif occidental et qu’on peut apercevoir de si loin, a huit pans. Les quatre escaliers qui la borne, lui donne une silhouette carrée. C’est l’œuvre d’Ulrich d’Ensingen, l’architecte de Ulm de style gothique flamboyant. Celui-ci meurt en 1419. Son adjoint et successeur, [[Personne:Jean_Hultz|Jean Hultz]], achève l’octogone avec un petit étage plus sobre et se lance dans une démonstration époustouflante d’architecture optique qui forcera l’admiration de l’Europe. Les clochetons ajourés de la flèche donnent l’illusion d’une ligne continue. Achevée en 1439, à 142 m, ce sera l’édifice le plus haut de la Chrétienté. Strasbourg obtient alors l’enviable distinction de « Loge suprême du Saint Empire romain germanique ». Le maître d'œuvre de Strasbourg devient alors juge suprême de toutes les autres loges dont celles de Cologne, Vienne et Berne (statut abrogé en 1727).
Au début du XVe siècle, on assiste à une course à la hauteur dans les villes de l’Empire. A Strasbourg, la haute tour érigée sur la partie nord du massif occidental et qu’on peut apercevoir de si loin, a huit pans. Les quatre escaliers qui la borne, lui donne une silhouette carrée. C’est l’œuvre d’Ulrich d’Ensingen, l’architecte de Ulm de style gothique flamboyant. Celui-ci meurt en 1419.  
 
===L'apport de Jean Hultz===
L'adjoint et successeur d'Ensingen, [[Personne:Jean_Hultz|Jean Hultz]], achève l’octogone avec un petit étage plus sobre et se lance dans une démonstration époustouflante d’architecture optique qui forcera l’admiration de l’Europe. Les clochetons ajourés de la flèche donnent l’illusion d’une ligne continue. Achevée en 1439, à 142 m, ce sera l’édifice le plus haut de la Chrétienté. Strasbourg obtient alors l’enviable distinction de « Loge suprême du Saint Empire romain germanique ». Le maître d'œuvre de Strasbourg devient alors juge suprême de toutes les autres loges dont celles de Cologne, Vienne et Berne (statut abrogé en 1727).


Une seconde flèche pour la cathédrale de Strasbourg était envisagée. Une tourelle de quelques mètres, érigée à l’angle sud-ouest de la plateforme, en témoigne (démolie en 1782). « Cependant la mort de Jean Hultz en 1449, un grave incendie en 1459, le début d’une période de troubles importants dans la région, ont dû retarder la mise en oeuvre de cette nouvelle tour. »<ref>« Bâtisseurs de cathédrale, Strasbourg mille ans de chantiers », œuvre collective, Editions La Nuée Bleue, Strasbourg, 2014, p65</ref>.
Une seconde flèche pour la cathédrale de Strasbourg était envisagée. Une tourelle de quelques mètres, érigée à l’angle sud-ouest de la plateforme, en témoigne (démolie en 1782). « Cependant la mort de Jean Hultz en 1449, un grave incendie en 1459, le début d’une période de troubles importants dans la région, ont dû retarder la mise en oeuvre de cette nouvelle tour. »<ref>« Bâtisseurs de cathédrale, Strasbourg mille ans de chantiers », œuvre collective, Editions La Nuée Bleue, Strasbourg, 2014, p65</ref>.
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Fichier:Figure 4 le plan B, Collection Œuvre Notre Dame.jpg|le plan B, Collection Œuvre Notre Dame
Fichier:Figure 5 élévation du massif occidental, d’après LEHNI.jpg|élévation du massif occidental, d’après LEHNI
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== Renaissance ==
== Renaissance ==