Loading...

Edito:Un contenu pour faire des découvertes

De Archi-Wiki

20/04/2013


Actualité Un contenu pour faire des découvertes.jpg

L'innovation. Il ne se passe pas un jour sans que ce mot revienne dans les journaux, le discours des élus, des entreprises... En ces temps difficiles, puisqu'il faut innover pour exister, alors innovons et existons. Faisons des découvertes !

Pour construire le futur il est nécessaire de connaître, de comprendre le passé. On ne construit pas une ville qui a 2000 ans d'histoire sur du sable.

L'offre culturelle qu'offre notre ville et sa région est abondante, elle permet à celui qui en prend le temps, de mieux connaître sa ville. Archi-Strasbourg permet l'accès à une autre manière de s'approprier l'information, de façon complémentaire aux ressources existantes.

Le site est collaboratif et c'est l'une de ses forces. Il offre la possibilité aux citoyens de co-construire une base de données du patrimoine qui est réutilisable par tous.

Ce travail est fait de façon sérieuse, en citant ses sources. Tout contenu non vérifié ou vérifiable est commenté comme tel ou supprimé par une équipe de modérateurs. L'information est au coeur de la crédibilité du site, elle doit être délivrée au lecteur sur un ton neutre pour que chacun se fasse son propre jugement sur les transformations que connaît la ville.

Ainsi en délivrant un contenu facilement et gratuitement consultable, tout le monde peut en savoir plus sur la ville, tant le patrimoine remarquable que celui de tous les jours. La clé d'accès du site est l'adresse ou le nom du lieu, ce qui permet au plus grand nombre de connaître les changements dans la ville.

DES VISITEURS LOCAUX

La majorité des visiteurs sont strasbourgeois ou géographiquement proches(1). Cela prouve l'intérêt des strasbourgeois pour la ville et leur désir d'apprendre.

Il y a une volonté pédagogique derrière Archi-Strasbourg. Trop souvent la critique est facile vis-à- vis d'une architecture ou d'une époque non comprise. Comprendre le contexte d'une construction ou d'une démolition c'est mieux s'approprier la ville et le cas échéant proposer des solutions pour l'améliorer. Les projets en ville (faubourgs inclus!) ne manquent pas et pourtant il reste tant de chose à faire, de personnes à mobiliser. Ces visiteurs finalement deviennent, petit à petit, des acteurs car mieux informés. Une personne qui travaille tous les jours dans un bureau de 9h à 18h n'a pas forcément le temps ni l'envie de participer à toute l'offre culturelle existante, avec Internet au gré des recherches, elle peut prendre le temps de découvrir ce qui se passe sans forcément être un lecteur assidu des journaux ou revues spécialisées. Néanmoins le site Archi-Strasbourg lui offre des possibilités pour en savoir plus et se reporter aux ouvrages ou aux articles concernés (en ligne ou non).

UNE ICONOGRAPHIE A ETOFFER

Google et ses services de cartes et d'images (maps, street view) ont radicalement changé la perception que l'on peut avoir de la ville. Pour l'internaute les distances mais aussi les images nous paraissent plus proches et familières.

Néanmoins les cartes récentes de google et les photos de façade, même si elles facilitent le quotidien des internautes, ne couvrent de loin pas toute la réalité iconographique, complexe, de la ville. L'action pour les « chercheurs d'Archi-Strasbourg » se fait sur le terrain, les institutions et les bibliothèques.

En 2012 lors des rendez vous de la Neustadt, proposés par le service de l'inventaire de la Région Alsace [archive] (SIP), nous apprenions que l'Université avait un projet de réalisation d'une copie des deux statues Germania et Argentina (Strasbourg) sur la façade du Palais Universitaire. Ces statues auraient été détruites par la vindicte populaire en 1918.

Bien sûr ce projet prendra du temps car les budgets ne sont pas réunis, mais un autre souci de taille empêche la bonne réalisation de ce projet. On possède aujourd'hui des documents de bonne qualité de Germania permettant une reproduction, mais pas de photos suffisamment précises pour Argentina.

On peut très bien imaginer, que de par le monde, se trouvent des photos, des plans ou des copies de cette statue.

ET LA VILLE S'OUVRE AU MONDE

Internet permet de s'ouvrir au monde à portée de clics via les moteurs de recherche.

D'ores et déjà, et avant même la traduction des contenus du site, nous avons eu des contacts avec des visiteurs germanophones et anglophones. L'histoire compliquée de Strasbourg crée des liens par delà les frontières.

Début 2012 j'ai été contacté par deux américaines, descendantes du Dr Laqueur, qui avait fait construire sa villa en 1902 au 37 Allée de la Robertsau (2). Elles avaient prévu un déplacement à Strasbourg et d'autres villes française où leur famille avait vécu. Des échanges par mails et une visite de la Villa grâce au Consulat d'Algérie, ont créé des liens. Nous avons reçu plusieurs photos anciennes rappelant le passage strasbourgeois de la famille Laqueur. Certaines de ces photos, sans doute inédites figurent sur Archi-Strasbourg.

En donnant la possibilité de rechercher toutes les maisons de Strasbourg, nous donnons la possibilité aux internautes d'en savoir plus mais aussi et surtout de compléter ce qui existe. Ce type d'exemple arrive toutes les semaines sur Archi-Strasbourg, grâce on site on découvre des documents souvent inédits.

UNE DEMARCHE SINGULIERE

En dehors d'Archi-Strasbourg, internet offre bien évidemment de multiples possibilités d'échanger, de partager, de coopérer ou de dialoguer avec d'autres internautes.

Il faut rappeler l’existence précoce de la boite à image des DNA [archive] (3) qui a permis sans aucun doute de faire de belles trouvailles dans les fonds photographiques, mais aussi du récent Alsacebook [archive] (4) qui permet en plus des échanges avec les internautes en profitant de la force du réseau social facebook. Ce réseau augmente considérablement le nombre d'internautes potentiels et il faut saluer et encourager ce type d'initiative.

Sans avoir la portée populaire de facebook, nous essayons avec Archi-Strasbourg d'avoir une démarche singulière en organisant les données comme dans un dictionnaire. Les deux entrées principales du site sont les adresses ou (nom de lieux) et les architectes. En donnant accès librement (5) à notre base de données nous encourageons ainsi l’émergence d'autres sites et ouvrages.

CREER DE NOUVEAUX CONTENUS

Les institutions et ouvrages existants ont tout à gagner de l'éclosion d'initiatives qui se créent à l'aide de leurs données. Chaque public trouve sa place selon ses exigences et le temps qu'il peut y consacrer. En proposant un contenu de qualité, librement accessible, on encourage la floraison de nouveaux contenus.

Ainsi grâce au contenu d'Archi-Strasbourg, des ouvrages ont pu être complétés. Ce contenu complète, parmi d'autres sources, les recherches des auteurs des ouvrages. Le site donne un point de départ, une source bibliographique ou une iconographie aux auteurs.

Ces auteurs sont autant des journalistes, étudiants, doctorants, écrivains, historiens ou tout simplement des blogueurs ou créateurs de sites web.

'DES RETOMBEES 'ECONOMIQUES

Donner plus facilement accès au contenu c'est participer à mieux faire connaître la ville et ainsi contribuer à son rayonnement et à ses retombées touristiques. Même si le but premier du site n'est pas économique, les retombées pour la ville sont néanmoins bien réelles. A l'heure du « tout communication », du marketing et des médias, internet est devenue une industrie qu'il ne faut pas négliger.

RETARD DANS LE NUMERIQUE

On parle depuis longtemps en Alsace du retard dans le numérique(6), devons-nous nécessairement attendre pour progresser que les institutions se modernisent ou se réinventent ? Pas nécessairement. Les institutions permettent l’accueil du grand public, la mise à disposition des documents physiques et leur conservation. D'autres institutions effectuent un travail d'inventaire ou de préservation du patrimoine.

Finalement ce qui est le plus important pour faire avancer le numérique en Alsace concernant le patrimoine et ses projets, ce n'est pas tant la réforme des institutions publiques ou privées (presse), mais la mise à disposition par ces institutions d'un contenu numérique réutilisable. La véritable révolution, c'est celle-là. Cette mise à disposition des données par les institutions est appelée « opendata » (7)

MISE A DISPOSITION DES CONTENUS

Il m'est arrivé, fin 2011, d'aller à la Communauté Urbaine de Strasbourg, au bâtiment administratif, pour prendre connaissance de projets d'architecture lauréats dans le cadre de concours organisés par la CUS (8). J'ai voulu prendre en photo les panneaux explicatifs, car ceux-ci m'étaient complètement inconnus et non relatés par la presse, dans le but de transcrire ces informations sur Archi-Strasbourg. Quelques instants plus tard un agent de police m'a vilipendé et dit qu'il était interdit de prendre des photos dans ce lieu public ! J'ai demandé l'autorisation gentiment mais il n'y avait rien à faire avec l'agent de police. Finalement je suis allé voir à l’accueil du bâtiment administratif qui était un peu gêné et ne savait pas trop si c'était autorisé. On m'a laissé les coordonnées d'un chef de service que j'ai recontacté plus tard par email, et qui m'a autorisé à mettre en ligne les panneaux en indiquant un copyright. Finalement je ne suis pas retourné voir les panneaux car cela prend du temps et je ne suis pas payé pour le faire. J'ai donc mis en ligne ceux que j'avais eu le temps de prendre en rédigeant bien sûr des fiches d'informations qui seront compréhensibles par les moteurs de recherches et donc par les utilisateurs finaux.

Ceci démontre que si l'information était accessible de façon claire, en donnant les règles du jeu dès le départ, il se créerait beaucoup plus d'initiatives, donc de contenu.

Aujourd'hui certaines institutions échangent avec Archi-Strasbourg car le site commence à être connu, mais au delà de ce site, il faut que les institutions mettent à disposition leurs contenus en ligne, en indiquant le cadre et les limites de leur utilisation. Il reste encore beaucoup de partenariats à mettre en place notamment avec les entreprises privées (presse notamment), ce qui permettrait de relater l'information sous un autre angle. Une initiative heureuse à souligner, la mise à disposition de nombreux document provenant de la BNU(9) et de Gallica (BnF)(9).

'UN CONTENU 'TRANSVERSAL - REUTILISABLE

Les informations mises à disposition sur Archi-Strasbourg proviennent de supports très variés. Il peut s'agir d'ouvrages, brochures, conférences, articles de presse, documents d'archive, sites internet, cartes, thèses, mémoires, photos provenant d'un travail personnel...

En synthétisant ces contenus provenant d'une ou plusieurs sources, on crée un contenu nouveau qui n'existe pas ailleurs. Je crois que c'est cela qui est important et ce qui rend singulier le site, on propose un contenu transversal émanent de plusieurs sources. Les internautes peuvent ensuite se reporter aux sources et compléter ce qui existe déjà.

Dans l'idéal c'est donc un cercle vertueux qui se créée, on met à disposition un contenu qui peut être complété ultérieurement au gré des découvertes ou évolutions. Ce contenu peut ensuite être réutilisé à l'infini par toutes les autres sources ou même pour en créer de nouvelles (blog, réseaux sociaux ou encore des ouvrages etc).

LIBRE DE S'EXPRIMER

Si les internautes peuvent ajouter du contenu qui doit être sourcé, ils peuvent aussi simplement donner leur avis sur un bâtiment ou lieu. Ces commentaires permettent aussi de faire avancer la recherche sur le site, car ils peuvent donner des pistes sur des choses dont on n'est pas sûr ou dont on ne connaît pas la source, les « on dit ». Les commentaires permettent aussi de dire tout simplement pourquoi on n'aime ou pas tel ou tel bâtiment sans forcément avoir besoin de se justifier même si c'est toujours mieux. Le site Alsacebook (4) en cela est très réussi car il utilise toute la puissance du réseau social facebook.

SCHEMA DE CREATION D'UN NOUVEAU CONTENU

Pour expliciter le processus de création d'un nouveau contenu je vous propose ce schéma ci-dessous.

Actualité Un contenu pour faire des découvertes - schema nouveaux contenus.jpg

EN CONCLUSION : UNE EQUATION COMPLEXE

Sur les dix sites les plus consultés en France, neuf ont été réalisés par des pays étrangers (10). C'est un signe de la faiblesse de nos contenus. Il y a encore quelques années, lorsqu'on cherchait un texte de loi, on tombait presque systématiquement sur des sites québécois ! A l'échelle de la France, les institutions ont mis du temps à mettre en ligne des données qui pourtant sont essentielles pour nos concitoyens.

C'est le contenu ou son accès qui fait qu'un site est bien référencé ou non et donc visité. Ce contenu est mis en ligne différemment selon qu'il s'agisse de google, facebook, leboncoin ou wikipédia. Il y a autant de contenus différents qu'il y a de sites.

Pour être bien référencé le contenu doit être intelligible, compris ou écrit par des humains. Les robots et ingénieurs de google savent déjouer les faux-contenus ou à faible valeur ajoutée. C'est le travail des bénévoles d'Archi-Strasbourg de mettre en ligne des informations qui permettront de se reporter à la source. Ainsi Archi-Strasbourg donne de la visibilité aux articles de presse, institutions et ouvrages. En dehors de cet aspect positif, il contribue a créer de nouveaux contenus et faire des découvertes qui pourront être réutilisées.

La France, riche de son histoire possède un des plus beaux patrimoines au monde. C'est aussi l'un des pays les plus touristiques. Soyons ambitieux et développons les outils pour mettre à disposition du public notre patrimoine et notre architecture. Si la France ne le fait pas, le risque c'est que d'autres le fassent à notre place comme dans bien d'autres domaines.

Le site doit encore relever de nombreux défis pour continuer à se développer. La nature même du support pré-suppose un développement et une innovation permanente. La notion d'urbanisme est quasiment absente du site, et constituerait l'un des axes de développement. Pour cela de nouvelles cartes devraient être accessibles ainsi que la notion de secteur. On pourrait aussi envisager un développement vers d'autres villes mais avant cela il faudrait trouver un modèle économique au site, car le financement est l'une des conditions de tout développement.

Romary Fabien

Président d'Archi-Strasbourg

notes :

  1. source : google Analystics, en mars 2013 sur 26610 visites, 15422 provenait d'Alsace
  2. Villa Laqueur, actuel Consulat d'Algérie, 37 Allée de la Robertsau
  3. http://www.laboiteaimagesdna.com [archive]
  4. https://www.facebook.com/alsacebook [archive] (11142 fans au 17/04/2013)
  5. Les contenus sont sous licence ouverte [archive]et la majorité des images sous licence CC-by-SA [archive]
  6. Article DNA du 04/06/2012 Les collectivités au défi des TIC [archive]
  7. Site de la ville sur l'opendata http://www.strasbourg.eu/ma-situation/professionnel/open-data/donnees [archive]
  8. exposition 15 concours - Journées d'architecture - Ville de Strasbourg & CUS - oct 2011
  9. http://www.bnu.fr/ [archive] et http://gallica.bnf.fr [archive]
  10. http://www.alexa.com/topsites/countries/FR [archive] Relevé du 19/04/2013